« Les raisons du cœur. Marivaux lecteur de Pascal », soutenance de thèse de Nicolas Fréry

Nicolas Fréry soutiendra une thèse intitulée « Les raisons du cœur. Marivaux lecteur de Pascal », préparée sous la direction de M. Christophe Martin, le mercredi 13 avril à 14h, en Sorbonne, Salle des Actes. Le jury sera composé de : Mme Christelle BAHIER-PORTE, Professeure à l’Université Jean Monnet-Saint-Étienne; Mme Florence MAGNOT-OGILVY, Professeure à l’Université Rennes 2; Christophe MARTIN – Professeur à Sorbonne Université; Mme Catherine RAMOND – Professeure à l’Université Bordeaux Montaigne; FranckSALAÜN– Professeur à l’Université Paul Valéry-Montpellier III: Laurent THIROUIN – Professeur émérite à l’Université Lumière-Lyon 2

Résumé de la thèse : Des liens féconds se nouent entre Marivaux et Pascal, en dépit des préjugés tenaces qui pèsent sur les deux auteurs, longtemps réduits l’un au badinage frivole, l’autre à l’austère peinture de la misère humaine. L’admiration de Marivaux pour les Pensées, qu’il tenait pour « le meilleur livre de morale qui eût jamais été écrit », est non seulement sensible dans de nombreuses pages de ses Journaux, dont Pascal est l’un des grands interlocuteurs, mais aussi dans ses textes dramatiques et romanesques. Cette inspiration pascalienne offre un éclairage inédit pour apprécier l’originalité d’une œuvre qui recueille l’héritage des écrits moraux du xviie siècle tout en rejoignant certains credos des Lumières émergentes. Cette thèse vise à montrer que la pensée de Marivaux se nourrit d’une interprétation originale des textes de Pascal, à un quadruple niveau : esthétique (désir d’écrire en « homme » plutôt qu’en « auteur », apologie de la finesse) ; anthropologique (rôle accordé au sentiment et à l’instinct, analyse de l’amour-propre et de l’imagination, distinction problématique entre le moi et les qualités) ; politique (mise au jour de la parfaite contingence des grandeurs établies, qu’un « renversement du pour au contre » conduit pourtant à respecter extérieurement) ; et religieux (insistance sur le rôle du cœur en matière de foi, réquisitoire contre l’indifférence des athées). En se gardant d’enfermer dans des schémas rigides un auteur qui n’a cessé de décrier les « faiseurs de systèmes », c’est la portée philosophique de l’œuvre de Marivaux que nous souhaitons réévaluer, à partir de l’examen d’une postérité sous-estimée de Pascal.