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Philippe de Champaigne

Le Nécrologe de Port-Royal atteste des liens profonds qui unissent ce peintre au monastère de Port-Royal:

Ce même jour (12 août 1674) mourut à Paris Philippe de Champaigne, natif de Bruxelles, qui s’était acquis une grande réputation par son habileté dans l’art de la peinture; mais qui s’est rendu encore plus recommandable par sa piété. Il a toujours été fort attaché à ce monastère, où il avait une fille religieuse, et dont il avait épousé les intérêts, qu’il a soutenus en toute occasion, souvent même au préjudice des siens et de sa propre tranquillité.

Les relations de Champaigne avec Port-Royal sont anciennes. En 1648, en effet, il place ses deux filles comme pensionnaires dans le monastère du faubourg Saint-Jacques. Françoise y meurt le 26 août 1655 à 18 ans, tandis que son aînée y fait profession le 14 octobre 1657. D’un autre côté, outre diverses donations dont il fait bénéficier les moniales, il intervient personnellement auprès de l’archevêque Hardouin de Péréfixe en juillet 1664.

Sans doute la vie et la carrière de Philippe de Champaigne sont-elles loin de se limiter à ses travaux pour l’abbaye de Port-Royal, mais c’est pour le milieu augustinien qu’il peignit quelques-uns de ses tableaux les plus importants: portraits de Saint-Cyran et de Mère Angélique, ou Ex-voto de 1662, conservé au Musée du Louvre, et représentant la mère Agnès Arnauld en compagnie de la Soeur Catherine de Sainte-Suzanne Champaigne, guérie miraculeusement, à Port-Royal de Paris, le 7 janvier 1662, d’une paralysie de 14 mois. Le tableau, offert par Philippe de Champaigne, orna successivement l’abbaye de Paris, puis celle des Champs.

La place occupée par Philippe de Champaigne à Port-Royal montre que, mieux qu’aucun autre, il a compris les leçons de cette théologie de l’art. Bien qu’il n’ait jamais peint exclusivement pour le monastère, il y fut profondément attaché; marqué par une série de deuils, il respectait l’esprit de renoncement et de pauvreté des religieuses de Port-Royal comme des chartreux de Saint-Bruno. Aussi n’est-il pas surprenant qu’il mît souvent ses pinceaux à leur service. [Source: Sandrine Lely, « Architecture et peinture à Port-Royal des Champs », in Chroniques de Port-Royal – Port-Royal des Champs, 54, 2004; et Jean Lesaulnier, « Petite galerie des personnages illustres », in Chroniques de Port-Royal – Port-Royal de Paris, 1991.]