Agnès Cousson

Jean Racine, Correspondance. Edités par Jean Lesaulnier

Compte rendu : Jean Racine, Correspondance, édition présentée, établie et annotée par Jean Lesaulnier, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque des Correspondances, Mémoires et journaux », 2017, 700 pages.“

L’ouvrage, composé d’une introduction qui revient sur les différentes éditions de la correspondance de Racine, rassemble les lettres des années 1656 à 1699 (sauf celles relatives à la querelle des Imaginaires), celles de Racine et de plusieurs de ses destinataires, (essentiellement Boileau), et offre en annexe un poème autographe inédit, écrit en 1656, à destination de Robert Arnauld d’Andilly. Suivent une table chronologique de la correspondance de Racine, une bibliographie et un index des noms propres, soit un ouvrage conséquent, richement documenté, qui témoigne du chercheur érudit qu’est Jean Lesaulnier, et de l’immense travail fourni pour établir cette édition. Chaque lettre est soigneusement annotée, introduite par une présentation, accompagnée de la mention des sources manuscrites, des éditions de références et des ouvrages critiques, dont Jean Racine de Georges Forestier.

L’avant-propos annonce les sources des 225 lettres et les distingue par leurs principaux destinataires : des amis de jeunesse de Racine (François Le Vasseur, Nicolas et Marguerite Vitart), Nicolas Boileau, et Jean-Baptiste Racine, fils aîné du dramaturge, auquel on doit la transmission de ces lettres. Les lieux de conservation de ce reliquat précieux d’une vaste correspondance perdue, sont mentionnés : la Bibliothèque nationale de France, la bibliothèque de Port-Royal (où se trouve le Recueil Racine, somme des lettres recueillies par Jean-Baptiste, mais copiées par un ami anonyme), et la bibliothèque de Laon. Si des lettres ont disparu avec le temps, d’autres ont été détruites par Jean-Baptiste Racine, selon qu’il les jugeait propres à servir son dessein d’éditeur (différent de celui de son frère Louis, autre éditeur des lettres), sans doute aussi par Jean Racine lui-même, ce qui expliquerait, selon Jean Lesaulnier, l’absence de lettres de Port-Royal et de pères jésuites. L’introduction explique avec minutie l’histoire des différentes éditions des lettres et les intentions des éditeurs successifs : d’abord Jean-Baptiste, qui veut écrire non « la vie d’un poète », « mais celle d’un des plus aimables et plus honnêtes hommes, du meilleur ami et du meilleur père de famille et du plus parfait chrétien qui ait jamais été » (p. 35). À sa mort, Louis, son frère cadet, reprend le travail, animé cette fois du désir de corroborer l’image hagiographique qu’il donne de Racine dans ses Mémoires. Troisième grand éditeur retenu, Paul Mesnard, au XIXe siècle, auteur d’une édition scientifique de la correspondance racinienne. Si Jean Lesaulnier insiste sur ces trois noms, il mentionne dans les annotations des lettres les différentes éditions de celle-ci.

Comme il se doit, les lettres suivent la vie de Racine. Les années passées à Uzès, dans le Languedoc, vécues comme un exil et marquées par l’ennui, donnent lieu à 80 lettres, qui mêlent nouvelles banales, critiques littéraires (l’Ode de Perrault), récits de voyage (la lettre du 11 novembre 1661 à La Fontaine relate le voyage de Racine à Uzès, celle du 24 novembre à François Le Vasseur est consacrée à Nîmes), et descriptions savoureuses de la population autochtone, qui font penser aux lettres des Persans de Montesquieu : la découverte des olives, que Racine mange crues (« Dieu me préserve de sentir jamais une amertume pareille »), la beauté des femmes, célébrée par une citation de Térence (« Color verus, corpus solidum et succi plenum »), la difficulté d’adaptation de Racine, due à l’incompréhension du patois local et à des mœurs qui l’agacent (« Les villageois […] font des révérences comme s’ils avaient appris à danser toute leur vie »). Enfin, la chaleur l’incommode, et même, le chant des cigales, « le plus perçant et le plus importun du monde ». Racine n’a qu’une crainte, exprimée avec humour : devenir «  le plus grand paysan du monde » ! La solitude s’accentue au fil des mois et la critique se fait plus acerbe. Racine trouve chez son maître Cicéron, figure célèbre d’exilé, les mots pour exprimer ses propres sentiments : « Je suis confiné dans un pays qui a quelque chose de moins sociable que le Pont-Euxin : le sens commun y est rare […]. Enfin il n’y a ici personne pour moi. Non homo, sed litus, atque aer et solitudo mera » (3 février 1662). Ces premières lettres font la part belle aux vers, aux citations dans la langue de Tibulle, du Tasse, de l’Arioste, de Virgile, Tacite ou Lucrèce, signe d’une propension pour les auteurs antiques affirmée plus tard dans les lettres au jeune Jean-Baptiste. Si Racine prétend à une charge ecclésiastique, raison de son séjour dans le Languedoc, il n’oublie pas la poésie. En 1660, il mentionne une tragédie, Amasie, et une ode, La Nymphe de la Seine à la reine, revue à l’aide des critiques de Chapelain et de Perrault.

Racine alterne sujets sérieux et plaisants dans ces années de correspondance. Le 30 mai 1662, par exemple, il évoque Les Provinciales, parvenues jusqu’à Uzès, et relate une anecdote inattendue à propos d’une jeune fille des environs qui s’est empoisonnée à l’arsenic, après que son père l’a rudoyée : « On croyait qu’elle était grosse, et que la honte l’avait portée à cette furieuse résolution. Mais on l’ouvrit tout entière, et jamais fille ne fut plus fille. Telle est l’humeur des gens de ce pays-ci ; et ils portent les passions au dernier excès ». Racine rejette les débats théologiques suscités par Pascal et badine avec les événements locaux. Mais son jugement sur les excès des gens d’Uzès suggère une influence du lieu sur sa création. Montrer l’exacerbation des passions, n’est-ce pas là le dessein de la tragédie racinienne quelque temps plus tard ?

Le style galant qui caractérise les lettres d’Uzès s’estompe avec le retour de Racine à Paris, en 1663, après l’échec de son projet ecclésiastique. La solitude ressentie en Province semble avoir retardé la création artistique du poète, si on en juge par sa lettre du 4 juillet 1662, après que La Fontaine l’a incité à écrire des poésie, et surtout du théâtre : « Je cherche quelque sujet de théâtre, et je serais assez disposé à y travailler; mais j’ai trop de sujet d’être mélancolique en ce pays-ci, et il faut avoir l’esprit plus libre que je ne l’ai pas ». Cette nouvelle vie à Paris voit le début de la carrière du dramaturge : trois lettres de novembre-décembre 1663 mentionnent La Thébaïde, également une rencontre de Racine et de Molière à la Cour. Si elles renseignent sur la production de Racine, les allusions au théâtre témoignent aussi de la dimension collaborative de la création au XVIIe siècle. En 1676, Racine envoie à corriger au père Bouhours les quatre premiers actes de Phèdre, l’estimant le plus à même de juger la langue du texte. Il faut attendre 1688 pour retrouver une allusion au théâtre avec le court extrait d’une lettre de Mme de Maintenon avertissant que les jeunes filles de Saint-Cyr ne joueront plus Andromaque, ni aucune pièce de Racine. Le poète écrit donc Esther pour satisfaire l’épouse morganatique du roi, comme en témoigne la lettre qu’il lui écrit le 3 décembre 1688 : « J’en ai revu l’ensemble d’après vos conseils ». On note encore une courte allusion à Athalie, en 1690. Le théâtre n’est donc pas le centre de la correspondance présentée ici.

Les 52 lettres échangées entre Racine et Boileau révèlent l’amitié profonde des deux hommes, conseillers littéraires l’un de l’autre, leur estime réciproque, leur complicité intellectuelle et culturelle. Racine demande avis à Boileau pour sa traduction du Banquet de Platon, et, plus tard, de son Cantique II. Boileau fait de même, pour un passage de sa traduction de l’œuvre de Longin. La création littéraire n’est pas le seul sujet de cette correspondance, qui évoque les ennuis de santé des deux amis, les remèdes aux maladies rencontrées, la vie familiale de Racine, qui charge Boileau de compléter l’éducation de son fils Jean-Baptiste, appelé à se réjouir d’avoir un maître aussi prestigieux. Racine évoque aussi la vie à la Cour, qu’il fréquente en tant qu’historiographe de Louis XIV, dit sa préférence pour Marly, où le roi est « tout à lui et à son plaisir », au lieu qu’à Versailles, il est « tout entier aux affaires ». Il décrit la beauté du domaine de Maintenon (4 août 1687), relate les campagnes militaires de Louis XIV auquel il participe (le siège de Namur), et exprime son admiration pour le monarque : « Le roi fit hier la revue de son armée […] C’était assurément le plus grand spectacle qu’on ait vu depuis plusieurs siècles » (21 mai 1692). La réalité financière s’immisce dans les lettres quand Racine évoque sa pension et celle de Boileau, ou les difficultés avouées à assurer l’avenir de ses enfants, en 1698, alors que l’âge avance et que sa santé faiblit.

Les lettres familiales sont nombreuses et empreintes de l’affection que Racine porte aux siens : sa sœur Marie, destinataire de lettres très tendres, sa femme et ses enfants. Il correspond seulement avec son fils Jean-Baptiste, du moins dans les lettres conservées, et s’exprime par son intermédiaire à ses filles. L’aîné est chargé de veiller sur elles et de leur transmettre les pensées paternelles. Les lettres au jeune Jean-Baptiste se confondent avec de petits traités d’éducation. Les courtes leçons s’accompagnent, comme dans les lettres à Boileau, d’informations sur la Cour, sur ses déplacements avec le roi, mais la famille est au centre des préoccupations. Les conseils de lecture confirment la préférence de Racine pour les Anciens : Cicéron, son auteur de prédilection, et notamment ses Lettres à Atticus, recommandées comme un ouvrage propre à « former l’esprit et le jugement ». Racine mentionne aussi Homère, Horace, Quintilien, Plutarque, les Fables de Phèdre, Hérodote, des lettres de Voiture également, mais avec cette réserve : « Il faut un grand choix pour lire ses lettres, dont il y en a plusieurs qui ne vous feraient pas grand plaisir ». Les lettres de Voiture, ajoute plus tard Racine, sont bien inférieures aux épîtres de Cicéron, propres « à parler sérieusement et solidement des grandes affaires, et à badiner agréablement sur les petites choses » (7 juillet 1698). Boileau fait bien sûr partie des modèles, et Racine célèbre son « génie merveilleux pour la satire ». Les romans et les comédies sont en revanche des « niaiseries » à éviter. Les livres de piété et de morale, que Racine dit aimer plus que tout, parce qu’ils lui procurent plus de satisfaction que « toute autre chose » sont privilégiés. L’estime qu’on s’attire dans le monde, prévient Racine, vient de ces lectures sérieuses, et non pas des romans. Pédagogue, à l’image de ses anciens maîtres des Petites Écoles de Port-Royal où il a grandi, Racine indique à son fils comment recevoir ses conseils : « Ne regardez point tout ce que je vous dis comme une réprimande, mais comme les avis d’un père qui vous aime tendrement et qui ne songe qu’à vous donner des marques de son amitié » (3 octobre 1694). Quand Jean-Baptiste obtient la charge de gentilhomme ordinaire du roi, Racine lui fait partager implicitement son expérience. Il lui recommande d’apprendre à tenir sa langue, c’est-à-dire d’éviter d’être un « parleur ». Pas de critique de la vie de Cour, mais un conseil qui suggère la maîtrise de soi et la vigilance qu’elle suppose.

Les lettres à Jean-Baptiste soulignent la profonde tendresse de Racine pour ses filles, l’aînée, Marie-Catherine, tentée un temps par la vie religieuse, et Anne, sa fille préférée. Le dramaturge relate avec une émotion touchante sa profession chez les ursulines dans une lettre à sa tante abbesse de Port-Royal : « Excusez un peu ma tendresse pour une enfant dont je n’ai jamais eu le moindre sujet de plainte, et qui s’est donnée à Dieu de si bon cœur, quoiqu’elle fût assurément la plus jolie de tous nos enfants, et celle que le monde aurait le plus attirée par ses dangereuses caresses » (9 novembre 1698).  S’il se réjouit qu’un de ses enfants « ressemble par quelque petit endroit » à sa tante, il éprouve une peine profonde en ce moment de séparation avec sa fille. « Je n’ai cessé de sangloter », écrit-il à Jean-Baptiste.

Cette lettre à sa tante abbesse confirme l’attachement de Racine au monastère de son enfance et à ses anciens maîtres, la solidité de ses liens à Thomas du Fossé, « le plus ancien ami que j’eusse au monde ». Racine évoque avec nostalgie Port-Royal, dans une lettre de juillet 1698 à Jean-Baptiste, appelé à supporter sans vexation les railleries : « Ce n’est pas assez de souffrir en galant homme les petites plaisanteries qu’on vous peut faire : il faut même les mettre à profit. Si j’osais vous citer mon exemple, je vous dirais que l’une des choses qui m’a fait le plus de bien, c’est d’avoir passé ma jeunesse dans une société de gens [les maîtres des Petites Écoles de Port-Royal] qui se disaient assez volontiers leurs vérités, et qui ne s’épargnaient guère les uns les autres sur leurs défauts ; et j’avais assez de soin de me corriger de ceux qu’on trouvait en moi, qui étaient en fort grand nombre, et qui auraient pu me rendre assez difficile pour le commerce du monde ». Bel hommage rendu à ses maîtres qui, par leur éducation, ont rendu possible une carrière auprès du roi. Racine se souvient par exemple de Pierre Nicole, qui lui citait souvent des passages des Offices de Cicéron pour le détourner « de la fantaisie d’acheter des livres : Non esse emacem vectigal est : C’est un grand revenu que de n’aimer point acheter ». L’expression de la piété se renforce à mesure que le temps passe. Racine exhorte Jean-Baptiste à fuir les divertissements de Versailles et à privilégier l’étude, au nom du respect qu’il lui doit : « Le roi et toute la Cour savent le scrupule que je me fais d’y aller, et auraient très méchante opinion de vous si, à l’âge que vous avez, vous aviez si peu d’égard pour moi et pour mes sentiments » (3 juin 1695). Il l’exhorte à songer à son salut et à privilégier Dieu, injonctions exhortations morales, qui, jointes aux propos déjà cités sur ses anciens maîtres, témoignent de la filiation morale de Racine avec Port-Royal.

De l’ensemble de ces lettres émanent différents visages de Racine : le jeune poète qui prétend d’abord à une carrière ecclésiastique, l’homme de Lettres admirateur de la littérature antique, le père et le mari attentionné (image que voulait donner Jean-Baptiste), l’homme de Cour au service du roi, ami de Mme de Maintenon, mais aussi l’enfant de Port-Royal, partagé entre son devoir d’obéissance au roi Soleil et un attachement qui se devine sans s’exprimer directement. La polémique est absentef des lettres quel que soit le sujet, et si Racine ose parfois prendre position pour Port-Royal, c’est en termes nuancés. Il réserve la défense ardente de la communauté à son Abrégé de l’histoire de Port-Royal, également édité par Jean Lesaulnier chez Champion. Port-Royal est pourtant omniprésent dans cette correspondance, mais de manière diffuse, par le grand nombre de destinataires proches du monastère ou membres de la communauté. Antoine Le Maistre, Solitaire de Port-Royal, ouvre le volume par une lettre à Racine. D’autres grands noms suivront : Antoine Arnauld, et le sujet de son exil, Robert Arnauld d’Andilly, la sœur Angélique de Sainte-Thérèse d’Andilly, une de ses filles religieuses à Port-Royal, la mère Agnès Racine, tante de Racine et abbesse de Port-Royal des Champs, Mme de Fontpertuis, amie d’Antoine Arnauld et de sa nièce Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly, religieuse et abbesse de Port-Royal, pour ne citer que ces noms. Le monastère est également présent en filigrane par l’évocation d’événements qui lui sont liés : l’exil d’Antoine Singlin, confesseur des religieuses, en 1661, et la nomination d’un autre directeur, nouvelle mentionnée avec humour : « La Cour, sans avoir consulté le Saint-Esprit, à ce qu’ils disent [les Messieurs de Port-Royal] y a élevé M. Bail » et « M. Singlin », « n’est plus considéré comme un anti-pape » ; on apprend la mort de Marie Desmoulins, la grand-mère de Racine, décédée à Port-Royal de Paris, les difficultés de Port-Royal des Champs, en 1696, relatées par sa tante abbesse. Port-Royal est au cœur de la vie de Racine par sa fille Marie-Catherine, qui séjourne au monastère des Champs après être entrée chez les carmélites, et à laquelle il rend visite, avant de la faire sortir, suite aux persécutions subies par la communauté. Racine se rend aussi à Port-Royal pour assister à la procession de l’octave en 1697, mais il ne s’attarde pas sur l’interdiction de recevoir des novices qui frappe le couvent. Les lettres reflètent ainsi la relation ambivalente de Racine avec la communauté. La lettre du 4 mars 1698, à Mme de Maintenon, dans laquelle il se défend de l’accusation de « jansénisme » qui serait venue aux oreilles du roi, suggère un déchirement entre ses sentiments et son devoir de fidélité à Louis XIV. « Je sais », écrit-il, « que dans l’idée du roi, un janséniste est tout ensemble un homme de cabale et un homme rebelle à l’Église ». La défense de soi s’accompagne d’une brève apologie du monastère des Champs, appauvri « pour subvenir aux folles dépenses de l’abbesse de Port-Royal de Paris », le couvent parisien étant revenu sous l’autorité du roi. Racine se défend en ces termes de l’aide portée à sa tante abbesse : « Pouvais-je, sans être le dernier des hommes, lui refuser mes petits secours dans cette nécessité ? ». Quand sa fille doit quitter Port-Royal et les religieuses qui l’ont accueillie, il évoque la peine de « ces saintes filles, qui étaient ravies de l’avoir » (10 mars 1698).

La petite histoire (les incidents domestiques, les anecdotes familiales comme la sortie à la foire ou l’orage violent essuyé par sa femme et une de leurs filles, en 1698, le mariage des enfants, les problèmes de santé et d’argent) côtoie la grande histoire, celle du règne de Louis XIV : les campagnes militaires, les châteaux fastueux, les débats théologiques et l’autorité d’un monarque qui inspire l’admiration mais aussi peut-être la crainte à celui qui écrit. Les lettres présentées dans ce volume, dont on soulignera de nouveau la qualité et la richesse du travail d’édition, séduiront le lecteur familier de Port-Royal, qui retrouve des noms et des questions qui lui sont chers à travers la plume de l’orphelin des Petites Écoles. Elles plairont aussi à l’amateur de correspondances par leur diversité, induite par le genre épistolaire, propice à l’écriture « au fil de la plume », comme l’expérimente Racine, et par la variété des thèmes abordés. Le visage familier finalement peu connu du dramaturge se dessine, sans que l’homme se dévoile complètement. On retiendra la vaste culture de l’enfant de Port-Royal, l’aisance de son style, exempt de pédantisme, sa capacité à mêler des sujets graves et légers, à la manière de Cicéron, modèle absolu, son attache aux siens. Chroniques du quotidien, ces lettres sont aussi le réceptacle d’une intériorité qui se livre avec pudeur et retenue.