Le 4 mars 1698, Jean Racine écrit à Mme de Maintenon pour plaider sa cause contre les accusations de «jansénisme» qu’on portait contre lui :
« J’apprends qu’on m’a fait passer pour janséniste dans l’esprit du roi. Je vous avoue que, lorsque je faisais tant chanter dans ‘Esther’ : « Rois chassez la calomnie », je ne m’attendais guère que je serais moi-même un jour attaqué par la calomnie. Je sais que dans l’idée du roi, un janséniste est tout ensemble un homme de cabale et un homme rebelle à l’Eglise.
Je sais ce qui a pu donner lieu à une accusation si injuste. J’ai une tante qui est supérieure de Port-Royal et à laquelle je crois avoir des obligations infinies. C’est elle qui m’apprit à connaître Dieu dès mon enfance et c’est elle aussi dont Dieu s’est servi pour me tirer de l’égarement et des misères où j’ai été engagé pendant quinze années. J’appris, il y a près de deux ans, qu’on l’avait accusée de désobéissance, comme si elle avait reçu des religieuses contre la défense qu’on a faite d’en recevoir dans cette maison. J’appris même qu’on parlait d’ôter à ces pauvres filles le peu qu’elles ont de bien pour subvenir aux folles dépenses de l’abbesse de Port-Royal de Paris. Pouvais-je, sans être le dernier des hommes, lui refuser mes petits secours dans cette nécessité ?
Tous les religieux qui leur ont rendu visite sont revenus en disant, les uns, qu’ils avaient vu des religieuses qui vivaient comme des anges ; les autres, qu’ils venaient de voir le sanctuaire de la religion. M. l’archevêque n’a pas caché qu’il n’avait point de filles dans son diocèse plus régulières ni plus soumises à son autorité. Voilà tout mon jansénisme. »
Lettre autographe de Jean Racine. … See MoreSee Less
Le 3 mars 1623, la mère Angélique Arnauld revient à Port-Royal après cinq années passées à l’abbaye de Maubuisson, où elle avait été envoyée pour réformer le monastère.
Trente religieuses de Maubuisson l’accompagnent, désireuses de rejoindre la communauté de Port-Royal. Malgré la joie qui habite l’abbesse et ses compagnes, Angélique veille au respect du silence :
« Craignant que leur abord ne fût un sujet de dissipation dans Port-Royal pour ces filles, par la joie de leur arrivée et le remuement qu’il faudrait faire pour les loger, elle y donna ordre en imposant silence jusqu’à ce qu’elle fût arrivée elle-même. La porte de leurs lèvres demeurerait fermée jusqu’à ce qu’elle la vînt ouvrir.
Comme il fallait néanmoins qu’on les pût connaître dans Port-Royal, elle leur fit mettre à toutes un billet sur leur manche, où était écrit leur nom. »
´Mémoires pour servir à l’histoire de Port-Royal’, Utrecht, 1742, t. 1, p. 202. … See MoreSee Less
"Il faut considérer qu’il est aussi ridicule de se mettre en colère pour les fautes et les bizarreries des autres, que de s’offenser de ce qu’il fait mauvais temps, ou de ce qu’il fait trop froid ou trop chaud ; parce que notre colère est aussi peu capable de corriger les hommes, que de faire changer les saisons.
Il y a même cela de plus déraisonnable en ce point, qu’en se mettant en colère contre les saisons, on ne les rend ni plus, ni moins incommodes ; au lieu que l’aigreur que nous concevons contre les hommes, les irrite contre nous, et rend leurs passions plus vives et plus agissantes."
P. Nicole, ‘Essais de morale’, Paris, 1713, t. 1, p. 266.
‘Paysan en colère’, Adriaen Brouwer, 1638. … See MoreSee Less