À la faveur des succès de la robotique autonome et de l’intelligence artificielle, une étrange idée s’installe aujourd’hui dans la culture. L’homme, dit-on, ne serait au fond, peu ou prou, qu’une machine. Avant même toute adhésion ou allergie, qu’ils séduisent ou inquiètent une culture en mutation technologique, ces idéaux de l’homme-machine manifestent combien les mots manquent désormais pour saisir l’irréductible singularité de l’humain.
Or ces mots, un témoin privilégié des commencements modernes les a cherchés et a su les trouver. Physicien, mathématicien et ingénieur de génie, Blaise Pascal (1623- 1662), assiste à l’apparition de la machine comme modèle d’intelligibilité et s’est rendu lui-même célèbre par l’invention d’une machine perçue en son temps comme « intelligente » (la pascaline). Très tôt, en philosophe de la vie et non plus de la nature, Pascal sait ce que peut la nouvelle science de la nature et aussi ce qu’elle ne peut pas.
Mettant à profit l’analyse mathématique des figures et l’art des machines, Pascal inventorie tout ce qui, résistant à la perfection des nombres et aux lois de la reproduction technique, peut relever en l’homme sa singularité d’être aimant et connaissant.
Laurent Thirouin est professeur émérite de Lyon 2 et spécialiste de Pascal (Pascal ou le défaut de la méthode, Honoré Champion, 2015). Hubert Aupetit, agrégé de mathématiques et docteur ès lettre, est l’auteur de Pascal ou la pensée figurative, Fayard, 2023. Pascal Marin est doyen de la faculté de philosophie à la Catho de Lyon.
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